Suzanne avait été une chrétienne solide, fidèle dans son service. Elle était maintenant plongée dans le désespoir le plus complet et dans la dépression. Pour elle, la vie était finie. Le pire était qu’elle ne savait même pas comment elle en était arrivée là. Elle m’a dit ceci : « Ce n’est pas seulement mon mariage qui a été un échec, mais aussi ma relation avec Dieu et avec l’église ».
En l’écoutant, j’ai compris que ce qui faisait son désespoir, ce n’était pas seulement l’infidélité et la trahison de son mari, mais aussi le jugement qu’allaient porter sur elle les autres chrétiens.
« Si j’avais su que je ne faisais pas ce qu’il fallait, j’aurais changé. J’ai été un pilier dans l’église, j’ai fait l’école biblique, et le pire de tout c’est que je suis une fille de pasteur! »
Puis elle me demanda : « Pourquoi l’église m’a-t-elle abandonnée? Pourquoi n’y ai-je trouvé aucune aide? »
À quel moment nous sommes-nous trompés, pensai-je, nous les croyants? Si le mari de Suzanne était mort, aurions-nous réagi autrement? Jésus est-il bien venu guérir tous ceux qui avaient le cœur brisé, tous ceux qui souffrent et qui sont dans le deuil? Y compris les divorcés?
Le divorce a toujours été un problème dans l’église. Nous avons peur de tendre une main secourable aux personnes qui passent par le divorce, car nous craignons d’être accusés de fermer les yeux, ou pire, d’encourager le divorce. Pourtant ne trouve-t-on pas dans la Bible ceci : « L’Éternel soutient tous ceux qui tombent et redresse tous ceux qui sont courbés » (Psaume 145.14).
En tant que conseillère dans mon église et professeure d’école biblique, j’ai appris que les points importants pour conseiller efficacement quelqu’un sont ceux-ci :
- Manifester un intérêt authentique pour ces personnes;
- Inviter le Saint-Esprit à nous doter de discernement;
- Bien connaître leurs problèmes et comprendre ce qui se passe en eux.
Si vous parvenez à saisir les sentiments qui peuvent accompagner le désespoir et la détresse, vous êtes sur la bonne voie pour comprendre ce qui se passe dans le cœur de quelqu’un qui passe par un divorce.
Jésus est notre exemple, et il nous a montré comment nous devions nous comporter envers ceux qui souffrent. Il n’a jamais tourné le dos à personne. Il était plein de compassion pour ceux qui étaient dans la souffrance. Nous pouvons suivre ses traces en mettant en pratique sa Parole. Les principes ci-dessous sont tous tirés d'Ésaïe 61.
Porter de bonnes nouvelles
La bonne nouvelle à annoncer dans les cas de divorce, c’est qu’il y a de l’espoir pour guérir et la possibilité de surmonter ce traumatisme. Mais avant de pouvoir partager la bonne nouvelle avec ceux qui divorcent, il faut déjà être prêt à le faire.
Avant de pouvoir aider, nous devons être libres de l’idée préconçue selon laquelle la personne qui divorce est forcément responsable quelque part du départ de son conjoint. De nos jours, les gens sont moins enclins à supporter de mauvais mariages qu’autrefois. L’idée que l’on se fait du mariage est devenue de plus en plus hédoniste, mettant en avant le plaisir et l’épanouissement personnel, plutôt que la fidélité et l’engagement.
Il est temps de cesser de prononcer un jugement contre ceux qui passent par un divorce et de reconnaître que malheureusement, il arrive que même un conjoint chrétien quitte le foyer conjugal.
Panser ceux qui ont le cœur brisé
Le terme « panser » inclut les notions d’un engagement à défendre ou à protéger un cœur brisé, et non seulement de mettre un pansement dessus. Mettre seulement un pansement, c’est dire à celui qui souffre : « J’espère que ça va s’arranger. Je vais prier pour toi ». Mais nous devons offrir plus à la personne qui vit un divorce — une véritable protection. « Je ne comprends peut-être pas ta situation, mais tu peux compter sur mon soutien. Je vais t’aider à surmonter cette épreuve. Je ne t’abandonnerai pas ».
Il s’agit là de plus que des mots (voir Jacques 2.16). Cela veut dire téléphoner, rendre visite, et écouter toujours la même histoire des dizaines de fois. Cela peut aussi vouloir dire aider à faire des réparations ou aider financièrement la personne. « Panser ceux qui ont le cœur brisé », c’est mettre sa foi en action.
Proclamer aux captifs leur libération
La « libération » ne veut pas forcément dire être libre d’un ex-conjoint, ou être libre d’aimer quelqu’un d’autre. Cela signifie la libération du fardeau de l’échec. Ceux qui dans l’église connaissent la séparation ont le sentiment qu’ils ont non seulement échoué dans leur vie de couple, mais aussi dans leur relation avec Dieu et dans leur vie d’église. Ils ont l’impression qu’ils ne seront plus jamais des personnes à part entière comme avant, libres de leur passé.
Mais Dieu pardonne. Alors pourquoi des chrétiens bien intentionnés rappellent-ils sans cesse aux divorcés leur passé? Nous devons nous demander si nous acceptons les personnes divorcées telles qu’elles sont et si nous portons sur elles des regards bienveillants.
Consoler ceux qui sont dans le deuil
Aucun chagrin ne peut se comparer au chagrin qu’éprouvent ceux qui vivent un divorce. Ce n’est pas seulement la fin d’une relation. C’est aussi la fin de leurs rêves pour l’avenir. C’est la perte de confiance, la perte de l’idéal du mariage solide. Souvent, c’est même la perte d’amis.
« Consoler » veut dire redonner des forces et relever le moral de la personne.
Ceux qui perdent un conjoint ont besoin de vivre leur deuil. Cela prend au moins un an pour sortir du chagrin du divorce et pour reprendre le cours de la vie. Nous devons être patients avec ces personnes, car elles passent par des hauts et des bas.
Dans tout ce processus, il y a souvent des temps de colère et de refus de pardonner. Il faut entre 9 mois et un an avant de pouvoir pardonner pleinement une offense si grande, même en s’appliquant à prier chaque jour pour celui ou celle qui nous a tant blessés. Le fait de choisir volontairement de pardonner et de bénir la personne qui nous a fait du mal va faire vraiment la différence et amener un changement. De notre côté, nous devons prier, guider, et patienter auprès de ceux qui souffrent.
Donner un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu
« Un esprit abattu » représente une souffrance profonde que la plupart d’entre nous ne connaîtront jamais. Le remords et les regrets au sujet de ce qu’on n’a pas fait et qu’on ne fera jamais sont porteurs de dépression. Quelle différence il y a avec une personne versée dans la louange! Nous devons conduire les personnes qui souffrent ainsi à louer et adorer Dieu, malgré les sentiments qui les déchirent. Le fait de louer Dieu permet de gagner la bataille et nous arrache à la détresse (2 Chroniques 20.17-22).
Nous devons encourager les divorcés à faire des choix qui vont les aider à progresser pas à pas vers la guérison complète de leurs blessures. Encourager signifie amener à penser que Dieu peut et veut faire quelque chose pour cette personne. Il ne faut jamais laisser tomber quiconque. Sommes-nous prêts à apporter soutien et espoir à ceux qui souffrent?
On les appelle térébinthes de la justice
Lorsque des personnes guérissent vraiment des blessures profondes de la vie, elles peuvent devenir des sources d’encouragement pour d’autres dans l’église. Personne ne peut mieux aider quelqu’un qui passe par un divorce que celui ou celle qui a connu cette souffrance, et qui non seulement l’a survécu, mais aussi a appris à revivre pleinement la joie de la vie avec le Seigneur.
Suzanne a heureusement expérimenté cette véritable guérison des blessures. Sa vie, qui avait été déracinée et vidée de tout espoir, a été restaurée. Elle a ancré ses racines profondément dans le Seigneur, et elle est devenue une conseillère pleine de compassion, une source d’encouragement pour tous ceux qui souffrent. Elle est vraiment devenue un « térébinthe de la justice », montrant l’exemple d’une vie stable et solide.
Comment y est-elle parvenue? Elle a trouvé des chrétiens qui l’ont aidée avec compassion et s'est accrochée au Seigneur dans sa souffrance. Les paroles de Genèse 50 l'ont grandement aidée à se fier à la bonté de Dieu : « Vous aviez formé le projet de me faire du mal. Dieu l’a transformé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui » (Genèse 50.20).
L’histoire de Suzanne est l’illustration de l’efficacité du réconfort. Cherchons donc à soutenir les victimes de séparation, de divorce ou de rupture.
« L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement » (Psaume 34.18).