Depuis mon enfance, j’ai éprouvé de la difficulté à accepter mes attributs sexuels.
Je suis née sur une île tropicale, Singapour, à la grande joie de mes parents. Mon père était très masculin – robuste, autoritaire et protecteur — et ma mère était toute féminine – délicate, fragile et dévouée à son mari. J’avais deux frères aînés qui brillaient à l’école tandis que je coloriais des vaches en bleu. J’étais une enfant inlassablement curieuse, très créative et très compétitive d’esprit.
J’ai vite fait d’échanger mes jupes contre des shorts afin de mieux grimper aux arbres et jouer au football. J’ai cherché à apprendre autant que possible, assurée que je pouvais réussir aussi bien que mes frères l’avaient fait. Même si je ne le comprenais pas encore, je savais au plus profond de moi-même que quelque chose n’allait pas. J’avais l’impression que mon corps ne me convenait pas.
J’ai passé les 25 premières années de ma vie à croire que j’aurais dû naître garçon.
Cela m’importait peu de savoir si cette impression était due à mon éducation ou à mon code génétique. Pour moi, la question était plutôt de savoir ce que je devais faire de tout ça. Comment vivre avec cette impression? Comme vous pouvez l’imaginer, ce désir impossible m’a laissée amère et en colère. Je me demandais comment changer une dimension de mon être qui m’avait été imposée plutôt que laissée au choix.
Je croyais que Dieu me devait des réponses. Je voyais la vie comme injuste. Je craignais d’être découverte. Je craignais de ne pas être découverte. Je voulais l’approbation des autres et je savais qu’on me rejetterait si je révélais mon secret. Je croyais que je ne pourrais jamais changer et que ce secret me poursuivrait jusqu’à la tombe. J’ai prié Dieu en lui disant que s’il existait, c’était à lui de me changer.
Ce n’était que le début des tempêtes dans ma vie. Mon frère aîné, Sam, un soldat dans l’armée, est mort à 20 ans dans un accident en hélicoptère. Cela m’a profondément bouleversé. Cet incident m’a fait constater que la mort était réelle et pouvait mettre fin à nos jours n’importe quand. Le fait que Dieu ait permis cela m’a ébranlé dans ma foi, bien que déjà, mes propres problèmes avaient exclu l’idée d’un Dieu d’amour qui allait me délivrer!
Trois ans plus tard, j’ai quitté le foyer pour commencer mes études universitaires. De tous les endroits au monde que j’aurais pu choisir, j’ai choisi San Francisco!
Mes questions au sujet de mes attributs sexuels devenaient de plus en plus pressantes. Un soir, j’ai participé à une séance de relooking organisée par la responsable de notre section à la résidence. C’était mon introduction aux perruques, au maquillage et à d’autres cosmétiques. À la fin de la soirée, mon look de garçon manqué a été remplacé par un look beaucoup plus féminin.
Mais cette métamorphose a seulement transformé l’extérieur de ma personne.
En faisant un retour sur le passé, je crois que Dieu aurait pu me changer, mais qu’il a attendu que je veuille changer. Il voulait que je désire sa volonté à mon égard.
Le reniement et l’orgueil
Après la collation des grades, je suis retournée à Singapour, où j’ai travaillé comme directeur artistique pour une agence publicitaire. Je me trouvais à l’apogée de ma carrière : j’avais gagné le respect de mes pairs, j’étais populaire, ma vie était réussie, et je me retrouvais toute mélangée. Deux sentiments m’influençaient grandement à l’époque : l’orgueil et le reniement. L’orgueil m’a fait croire que j’étais autonome, indépendante. Il m’a fait croire que j’étais une bonne chrétienne qui vivait selon de bons principes moraux.
Le reniement m’a enseigné à jouer le jeu des fréquentations en me disant que tout allait bien et que je pouvais même me marier. J’étais une créative; je pouvais exercer ma liberté artistique. Les créatives sont toujours un peu étranges! Ces deux sentiments ont travaillé contre moi de façons subtiles. L’orgueil me disait qu’il n’y avait rien de mal à être ce que j’étais. Le reniement me disait que le monde n’avait pas besoin de le savoir. C’est sous l’influence de ces deux sentiments que j’ai fréquenté un homme chrétien réservé, pour ensuite me marier avec lui.
Ma mère est décédée le jour après mon mariage, avant même que le banquet de noces soit digéré. Le cancer s’était répandu de ses intestins à son foie. Elle est morte paisiblement dans la maison de mon enfance. Elle avait 54 ans. C’est pendant ses obsèques que j’ai découvert que je ne me fiais pas entièrement à Dieu, mais que je me fiais encore moins à moi-même. Le décès de ma mère m’a encouragé à faire la paix avec Dieu.
« L’amour est aveugle; le mariage nous ouvre les yeux »
Avez-vous déjà entendu cette expression?
Mon mari et moi avions déménagé en Suisse, où mon mari a poursuivi un cours en design de produits tandis que j’écrivais un livre. Au printemps 1994, nos problèmes de couple se sont aggravés jusqu’à menacer la rupture. Ma duplicité est devenue insupportable.
Je me rappelle que je me suis promenée le long du lac pendant deux heures en implorant l’aide d’un Dieu lointain et silencieux. À mon retour à l’appartement, j’ai retrouvé mon mari, qui ne touchait jamais l’alcool, dans le bain, ivre et pleinement habillé, une bouteille de gin vide à la main. Je ne le savais pas encore, mais Dieu n’était ni lointain ni silencieux.
Dans sa sagesse, Dieu a permis à deux chrétiens qui luttaient avec le même problème de se marier. C’était absurde! Comment cela se pouvait-il? Le fait est que nous éprouvions tous les deux des luttes avec nos attributs sexuels. Sous l’influence du gin, mon mari a trouvé le courage d’enlever son masque, et sa confession m’a donné le courage d’enlever le mien.
Enlever les masques
Ce soir-là, Dieu nous a révélé non seulement qu’il pouvait nous transformer, nous restaurer. Vous rappelez-vous ma prière d’enfance : s’il y avait un Dieu, c’était à lui de me transformer? Pour la première fois de notre vie, mon mari et moi étions assez honnêtes pour avouer notre besoin de Dieu en tant que pécheurs, assez désespérés pour désirer changer et assez remplis d’espoir pour échanger nos tempêtes pour ses eaux calmes.
Moins de deux ans plus tard, mon mari a découvert qu’il souffrait d’un cancer des poumons. Il a manifesté une paix et un espoir incroyables pendant les six derniers mois de sa vie. Une des dernières choses qu’il m’a dites est que le changement n’est possible que pour les vivants.
J’ai commencé à comprendre l’amour inconditionnel de Dieu pour moi, et cela a complètement changé ma vision de la vie. Je comprenais maintenant que je n’avais rien à mériter ni à prouver, et que Dieu m’offrait gratuitement la chance de recommencer à neuf. J’ai appris à m’accepter telle que Dieu m’avait créée, avec un corps féminin. L’amour et l’amitié de chrétiens, l’œuvre de Dieu en moi et ma constatation que je ne peux rien accomplir sans Christ sont les facteurs clés de ma transformation.
Ai-je cessé de lutter? Non. Mais je peux vous dire que la lutte est différente. Lutter en sachant que la victoire est possible, c’est très différent de lutter en croyant que c’est futile.
Nous pouvons surmonter la tentation de vivre comme bon nous semble en soumettant notre vie à Jésus pour vivre une vie unie à la sienne. Il est le seul qui peut nous rendre capables de sortir vainqueurs dans cette lutte. Ma foi m’assure que je suis transformée en nouvelle créature. Je suis une personne qui suit Jésus dans la joie et la paix.