L’on se fait parfois du christianisme l’idée que l’austérité est de rigueur et que le plaisir est à bannir. Qu’en est-il, en réalité, et tout particulièrement par rapport aux relations sexuelles?
Contrairement aux idées reçues, l’on peut noter que la Bible parle de manière très positive de la sexualité. L’apôtre Paul par exemple, encourage les couples mariés à ne pas se priver de relations sexuelles (1 Corinthiens 7.5). Le Cantique des cantiques est tout entier conçu comme un hymne à l’amour, où l’un et l’autre dans le couple est invité à prendre plaisir dans la vue, le toucher et l’odeur du corps de l’autre. Dans le livre des Proverbes, nous sommes là encore conviés à nous réjouir et à jouir de la sexualité…
À la lecture de l’ensemble des textes bibliques, il est clair que la sexualité est bonne et qu’elle est un don de Dieu à l’être humain : don de Dieu pour le plaisir des sens, pour l’intimité relationnelle et pour la procréation.
Mais afin qu’elle soit épanouissante et exercée dans le respect de l’autre, Dieu nous appelle à vivre la sexualité dans un cadre précis. Dans toutes les sociétés, dans toutes les époques, les humains ont vu la nécessité de réglementer l’exercice de la sexualité afin de protéger la société de certains débordements (d’où par exemple l’interdit de l’inceste). Comme cadre aux relations sexuelles, Dieu nous a indiqué le mariage : l’engagement public et pour la durée de la vie d’un homme et d’une femme qui décident de se donner exclusivement l’un à l’autre.
Dans ce cadre-là, Dieu dit que la sexualité est bonne.
Par l’apôtre Paul, il nous dit par exemple :
• « Si ceux qui ne sont pas mariés manquent de continence, qu’ils se marient; car il vaut mieux se marier que de brûler » (1 Corinthiens 7.8-9);
• « Fuyez la débauche. Quelqu’autre péché qu’un homme commette, ce péché est hors du corps; mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps. Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu » (1 Corinthiens 6.18-19)?
• Ailleurs il est dit : « Que le mariage soit honoré de tous et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu jugera les débauchés et les adultères » (Hébreux 13.4).
Il peut donc y avoir « souillure » ou « débauche » au niveau sexuel. Qu’entendons-nous par cela?
En fait, le mot « débauche, débauchés » que nous avons en français dans nos Bibles, est en grec dans le texte originel le mot « porneia » (d’où vient « pornographie »). Utilisé 39 fois dans le Nouveau Testament (et traduit diversement par « fornication », « débauche », « impureté »), ce terme désigne toute sexualité qui est pratiquée en dehors du mariage (alors que le mot adultère concerne toute activité sexuelle qu’une personne mariée a avec une tierce personne).
Concernant les relations sexuelles en dehors du mariage, la Bible est donc très claire : elle nous invite à nous en abstenir. Pour dire les choses autrement : les relations sexuelles sont bonnes et voulues de Dieu, mais dans un cadre précis : le mariage. En dehors de ce cadre, la Bible en parle en termes de péché.
Pourquoi le sexe serait-il de la « débauche » hors mariage, et comme par magie, deviendrait-il bon une fois que nous sommes mariés?
Il n’y a pas de « magie » ici, ni de décret arbitraire et sans fondement de la part de Dieu. La différence se situe dans le lien social, dans l’engagement, dans la durée et dans l’apprentissage de la maîtrise de soi et du respect de l’autre — autrement dit dans la signification profonde et réelle du mariage. Mais nous manquons de place ici pour nous pencher sur le sens du mariage.
La différence vient aussi de la signification même des relations sexuelles.
Le sexe est l’acte physique le plus intime. Coucher ensemble crée un lien, qu’on s’en défende ou pas. Ce lien est positif dans le mariage, car il se noue dans un climat de sécurité, de confiance, d’engagement et de reconnaissance sociale, ce qui permet la transparence, la vulnérabilité, l’amour vrai. Ce lien est négatif s’il est établi hors mariage à cause de l’absence de l’un ou de plusieurs de ces éléments. La sexualité saine exige la sécurité affective, c’est-à-dire la confiance absolue en l’autre, la connaissance de l’autre et l’engagement à vie, parce que coucher avec l’autre, c’est s’abandonner à l’autre, c’est goûter avec l'autre l’intimité la plus profonde. Ce n’est pas un jeu ou un divertissement.
Vouloir coucher ensemble, bien souvent, est seulement l’expression inconsciente du désir que nous avons de nous rassurer nous-mêmes ou de l’envie égoïste du corps de l’autre. Nous voulons faire comme dans les films, nous voulons nous prouver quelque chose à nous-mêmes, nous voulons garder l’autre, nous voulons profiter du corps de l’autre… Toutes ces choses n’émanent pas d’un amour vrai pour l’autre. L’amour vrai sait attendre, car il ne veut pas l’autre pour soi. La sexualité est le couronnement qui nous attend après s’être préparés ensemble au mariage, après s’être engagé et avoir montré l’un à l’autre que nous nous aimons vraiment.
Enfin, la maîtrise de soi dans le domaine sexuel est nécessaire dans le mariage (pas seulement avant). Si nous avons appris à nous maîtriser avant le mariage, nous saurons mieux nous maîtriser après, résister aux tentations, supporter l’attente… C’est une sécurité supplémentaire pour nous et notre conjoint…
Quand Dieu nous indique un chemin — y compris en matière de sexualité —, c’est pour notre bien; nous avons tout à gagner à respecter ses conseils. N’hésitez pas : demandez-lui de vous parler, de vous convaincre, de mettre en vous le discernement sur ce sujet si important.