Les blessures affectives se manifestent de plusieurs façons. Voici les cinq effets les plus communs :
- La honte : l’impression d’être sans valeur, défectueux, rebutant;
- La crainte de l’abandon ou du rejet;
- La confiance : soit une trop grande confiance (source de trahisons et de déceptions répétées), soit un manque de confiance (source d’anxiété, d’isolement et de suspicion);
- Le reniement : une perception erronée de la réalité et la minimisation des problèmes;
- L’aliénation : l’isolement, la solitude, la difficulté à établir des amitiés
Les blessures affectives des membres de la famille nuisent à leur capacité de vivre de bonnes relations entre eux. Les difficultés relationnelles au sein d’une famille sont liées aux blessures affectives non seulement des enfants, mais aussi des adultes. Si ces blessures ne sont pas guéries, il sera difficile sinon impossible de créer des liens affectifs solides et sains au sein de la famille.
Les effets des blessures
1. Chez les adultes
a. La relation parent-enfant
Les adultes blessés dans leur âme transmettent les effets de ces blessures à leurs enfants en modelant des réactions malsaines aux difficultés de la vie. Les parents blessés ont de la difficulté à établir des règles saines et à exercer une discipline constante. Leur souffrance ou leur sentiment de culpabilité peut les rendre soit trop indulgents, soit trop aptes à la colère. Ils chercheront souvent à discréditer les gens ou à parler en mal des personnes qui les ont blessés pour soulager leur propre souffrance ou pour gagner l’approbation de leurs enfants. Les parents blessés donnent des messages mixtes à leurs enfants : « Je t’aime; maintenant, va-t’en. » « Je ne suis pas fâché. » (Mais mes poings sont fermés et mon visage est pourpre.) « Dis toujours la vérité, mais mens à la personne qui est au téléphone. » « Bien sûr que cela m’intéresse… » (En quittant la pièce ou en faisant autre chose.) En passant, la plupart des adultes n’avouent pas qu’ils sont coupables de tels comportements.
b. La relation avec son ex
Les ex-conjoints blessés ne savent pas accorder plus d’importance aux besoins des enfants qu’aux leurs. Ils vont plutôt se servir des enfants comme armes pour blesser l’ex ou satisfaire à leurs propres besoins affectifs. Ne sachant pas communiquer sainement ou bien gérer les problèmes, ils font plutôt appel à l’argumentation, les menaces, la manipulation, la coercition, la colère, la violence ou l’indulgence excessive pour obtenir ce qu’ils veulent et contrôler les choses.
c. La relation avec son partenaire
Lorsque des problèmes se présentent, les partenaires blessés voient en leur partenaire une cible à attaquer. Ils ont de la difficulté à tolérer ses faiblesses. Ils sont trop exigeants à son égard et le blâment pour tout. Ils se blessent l’un l’autre sans se rendre compte des effets néfastes de leur comportement. Ils sont souvent inconscients des motifs de leur comportement.
d. La relation avec les beaux-enfants
Les beaux-parents blessés ont de la difficulté à manifester la patience et à laisser leur rôle se définir tranquillement au sein de leur nouvelle famille. Leur insécurité et leur souffrance les motivent à exercer le pouvoir ou à s’isoler. Ils ont des attentes irréalistes à leur propre égard ainsi qu’à l’égard de leur conjoint ou de leurs beaux-enfants, ce qui crée inévitablement des conflits et des luttes de pouvoir.
2. Chez les enfants
Les enfants blessés ont des difficultés à communiquer avec leurs parents. Ils deviennent tristes, s’isolent, agissent mal ou se révoltent. Ils ont de la difficulté à s’adapter à leur nouvelle famille.
Six mythes concernant les blessures affectives
- Ma vie se définit par mes expériences pénibles. Je suis qui je suis à cause d’elles.
- Sans ma souffrance, je n’aurais aucun recours. J’ai besoin de souffrir pour que l’on s’intéresse à moi ou pour que je me sente bien.
- Mes expériences pénibles m’ont rendu malade; je ne suis donc pas responsable de mes actes.
- Tout problème affectif est le résultat d’expériences traumatiques. Pour guérir, je dois absolument découvrir la racine de mon mal.
- Une expérience horrible doit se trouver ensevelie quelque part dans mon subconscient. Je ne peux pas guérir si je ne découvre pas la cause cachée de mon mal.
- Je suis prisonnier de mes blessures. Ma situation est sans issue. Je ne peux pas changer. Pourquoi alors essayer de le faire?
Les sources des blessures affectives
- Les familles dysfonctionnelles, la carence d’amour familial
- Les agressions — physiques, sexuelles ou psychologiques
- Des relations malsaines ou ratées
- Des événements pénibles de son enfance
- Des problèmes transmis de génération en génération
L’influence sur les familles
Les événements passés peuvent influencer les gens de différentes façons. Ils peuvent produire une tache aveugle chez la personne, qui se manifeste dans un domaine particulier : la personne se montrera très sensible dans ce domaine et réagira de façon démesurée pour se protéger.
Il y a une grande tendance à répéter les comportements malsains du passé pour gérer les situations familiales présentes dans l’espoir de se créer une « zone de confort ». Une personne blessée peut même chercher à recréer l’environnement malsain du passé pour que sa vie lui semble normale. Sa tendance à se protéger et à se créer une zone de confort n’est pas intentionnelle. Souvent, la personne ne constate pas que ce comportement est malsain et qu’il a des effets néfastes. Il est même possible qu’elle ne devienne consciente de ses blessures affectives passées et de leurs effets que lorsque son comportement produit la souffrance ou la rupture de la relation.
Nous pouvons décrire ce processus et ses effets ainsi :
La personne blessée :
- répand la souffrance, la crainte et la colère autour d’elle.
- blâme quelqu’un d’autre pour les problèmes (et rarement soi-même).
- a de la difficulté à distinguer les problèmes de la famille et de la belle-famille.
- a de la difficulté à distinguer les besoins des enfants des besoins des conjoints.
- envoie des messages mixtes sans s’en rendre compte.
- parle en mal des personnes qui l’ont blessée dans l’espoir que ses enfants s'alignent de son côté.
- cherche à protéger son égo fragile aux dépens des autres.
- se fâche contre tout membre de la famille qui soulève un problème en l’accusant alors d’être la cause du problème.
- blâme les beaux-enfants pour leurs difficultés à s’adapter à la famille reconstituée.
Les parents et beaux-parents qui vivent dans le reniement et l’inconscience de leurs blessures dépensent beaucoup d’énergie à se protéger et à gérer leurs émotions, et ont donc peu d’énergie à offrir à leurs enfants, à leurs beaux-enfants et à leur conjoint. Ils peuvent devenir des parents distants qui ne connaissent pas les besoins émotifs et spirituels profonds de leur famille et qui sont donc incapables de les satisfaire.
Les conséquences de ces blessures
Une personne blessée :
- connaît souvent des luttes spirituelles
- est attirée vers d’autres personnes blessées
- transmet sa blessure aux enfants
- a de la difficulté à répondre aux besoins de son partenaire
- a de la difficulté à résoudre les problèmes et à prendre des décisions
- choisit un conjoint qui a un comportement similaire à l’un ou l’autre de ses parents
- ne sait pas communiquer ses besoins ni les satisfaire sainement
- se sabote à cause de ses attentes et de ses croyances malsaines
- passe d’une relation malsaine à une autre
- souffre d’absorption en soi
- s’isole
- se trouve rarement en paix
Suggestions pour prendre la voie de la guérison :
- Accepter le fait que l’on est blessé, et reconnaître la possibilité que l’on vive le reniement.
- Participer à une communauté remplie d’amour et de soutien qui modèle des relations saines.
- Demander l’aide d’amis de confiance pour identifier les comportements problématiques.
- Prendre soin de soi.
- Établir des limites saines dans ses relations.
- Se confier à une personne de confiance concernant ces blessures.
- Reconnaître ses craintes, sa culpabilité, sa honte et sa colère.
- Vivre pleinement son deuil en prenant tout le temps qu’il faut.
- Apprendre à pardonner, en commençant par soi-même, et en comprenant que le pardon est un processus.
- Apprendre à communiquer de façon plus saine et à devenir un meilleur parent en s’éduquant à ce sujet.
- Chercher à mettre le passé derrière soi.
- Approfondir sa relation avec Dieu — apprendre à se voir comme un enfant bien-aimé de Dieu, racheté, purifié, uni à lui pour l’éternité. Apprendre à dépendre de son Esprit quotidiennement, en toute chose (Romains 8).
- Se joindre à un groupe de soutien.
- Demander conseil auprès d’un pasteur ou d’un conseiller.