Repoussante. Rejetée. Indésirable. Abandonnée. Tous ces mots décrivaient la petite orpheline dans la photo. Je voulais prétendre qu'elle n'était pas là et retourner à mon repassage, au ménage, à n'importe quoi… pourvu que cette image sur mon écran d'ordinateur quitte mon esprit. Mais je n'y arrivais pas.

J'entendais la voix de Dieu qui me murmurait : « Regarde. Tu dois t'occuper d'elle. Regarde de près ses yeux jusqu'à ce que tu m'y vois. »

J'ai demandé : « Mais Seigneur, il y a tellement d'orphelins. Est-ce que ça vaut la peine d'en sauver une? »

La petite fille de deux ans faisait partie des 24 enfants qui pouvaient être adoptés à l'orphelinat du Liberia en Afrique. Certains de ces enfants avaient été amenés à l'orphelinat après le décès de leur maman. D'autres, par une maman désespérée et appauvrie se raccrochant à l'espoir que grâce à l'adoption, son enfant aurait une chance dans la vie. D'autres encore avaient été amenés par des voisins après le décès de parents morts du sida.

Les orphelins ne se font pas entendre

Une fois que les enfants sont à l'orphelinat, la raison pour laquelle ils y sont arrivés n'a plus d'importance. Ils ne possèdent rien. Ils n'ont pas de foyer. Ils n'ont pas de parents. Ils ne se font pas entendre.

Les orphelins ne peuvent pas tous faire l'objet d'une adoption. En fait, environ 90 % des orphelins du monde ne seront jamais adoptés en raison des lois de leur pays. Mais cette petite fille du Liberia faisait partie des chanceuses. Le Liberia permet l'adoption et facilite celle-ci. Les lois d'adoption au Liberia sont souples et le coût est minime en comparaison à d’autres pays.

Toutes ces raisons ont fait que mon mari et moi-même avons décidé d'adopter à nouveau au Liberia, malgré le défi que cela pourrait représenter. Avec notre famille constituée de quatre enfants biologiques et de deux enfants adoptés, nous nous posions beaucoup de questions. Pouvions-nous accueillir un nouvel enfant? Avions-nous suffisamment de chambres? En avions-nous les moyens? Comment pourrions-nous tous les envoyer à l'université? Aurions-nous besoin d'une plus grande voiture? Pouvions-nous vraiment faire cela?

Toutes ces questions ont disparu lorsque j'ai vu la photo de cette petite fille. Je fixais la photo, luttant contre l'envie de passer outre et de l'oublier, quand quelque chose m’est venu à l'esprit — quelque chose qui a surpassé ma peur. Quelque chose qui a mis fin à mes questions.

Un sentiment familier

J'avais déjà ressenti cela. Je l'ai ressenti en voyant pour la première fois ma fille de Haïti ou lorsque j'ai tenu dans les bras mon fils du Liberia pour la première fois. Je me perdais dans le regard de cette petite fille. Le monde qui m'entourait disparaissait et rien ne comptait plus que de lui venir en aide.

Sachant que Dieu nous mettait cette petite merveille sur le cœur, nous avons choisi de l'accueillir comme fille bien-aimée, à notre grande joie, et celle de nos enfants. Pour nous, elle était un don de Dieu.


Source de la photo : CDC sur Unsplash